LOIC RAGUÉNÈS
http://www.artfacts.net/en/artist/loic-raguenes-49623/profile.html
Lieu d’exposition : 20, rue du collège
Œuvre présentée : Vert et violet, 2003
Eléments de présentation:
Après
des
études aux beaux-arts de Nîmes et Besançon, Loïc
Raguénès développe un travail à partir d’images ou de
mots trouvés au hasard de ses recherches. Il adopte
rapidement la sérigraphie, moyen le plus ordinaire
pour reproduire ces
clichés : morceaux de nature ou autres icônes
populaires telles les Miss France, les Muppets ou les
poissons exotiques. Le procédé nécessite en amont, de
retravailler l’image par informatique de manière à
simplifier les formes et les nuances, à enlever les
détails « parasitants ». Dans ce même souci
d’efficacité et d’économie, l’artiste passe de l’usage
de la quadrichromie à celui permanent désormais de la
monochromie. Le projet se radicalise, la neutralité
est poussée à l’extrême, le geste artistique se veut à
priori le moins apparent.
Pourtant de ces points de trame répétitifs, se
dégage une étrangeté, quelque chose d’hypnotique qui a
sans doute à voir avec l’effet stimulant des pastilles
de couleurs et de lumière sur la rétine. Toutefois au
fourmillement des taches répond le calme des fonds,
abîme des supports dont la blancheur fascine, de la
page comme envers du ciel au mur blanc de la salle
d’exposition englobant les visiteurs. Paradoxalement
donc, ce travail, centré sur la surface et sa
platitude, creuse l’espace.
Cette dilatation
inattendue semble correspondre de manière intime à
l’apparition d’un nouveau temps de réalisation de
l’œuvre. En effet aux matières réfléchissantes, tôle
laquée notamment, et à la technique proprement
sérigraphique, Loïc Raguénès privilégie depuis
quelques temps les surfaces mates et un travail de
coloriage aux crayons de couleur ou aux pinceaux.
L’efficacité visuelle reste la même mais
l’articulation du corps apporte sans doute une volupté
et une profondeur inédites. Là où il était
question d’inventaire mécanique des images de notre
époque, voire de stratégie parodique, se lit davantage
une empathie aussi bien dans le choix des motifs que
dans leurs représentations. Le plus ordinaire, le plus
banal peut aussi être objet d’investissement physique,
affectif, symbolique et sans cynisme aucun. Du pop
art, Loïc Raguénès retient une certaine forme mais
l’attachement se joue surtout dans le fait que le
mouvement inaugure le vaste désenchantement dont nous
sommes les contemporains. Aujourd’hui il s’agit moins
de dénoncer ou de mettre en évidence que de rendre
vivables les situations. Aussi, dans cette peinture,
la violence et l’impact font place à une douceur,
indifférente pour les uns, salvatrice pour les autres,
sans pour autant épargner les figures aux contours
approximatifs et aux formes esquintées. Bien souvent
le monde n’est qu’une convention dans laquelle nous
cherchons désespérément un pouvoir évocateur, source
de connaissance ou de poésie.
Céline
Mélissent
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