ARMELLE CARON
http://www.armellecaron.fr
Lieu d’exposition : 3 rue Notre-Dame (ancienne
boucherie)
Œuvre présentée : cHoeur
PRESENTATION DE L'ARTISTE
Je
travaille
autour des questions du langage en utilisant le plus
souvent l’outil vidéo ou informatique comme vecteur de
forme.
Ce sont
les mots, les
lettres et les
espaces qui m’intéressent parce
que je considère le
langage comme une matière
porteuse de sens, mais aussi comme ayant un dessus, un
dessous, un ‘sur-les-bords’. Les mots peuvent avoir la
tête en bas
ou se couper en
petits morceaux. Ils
peuvent
jouer de leur forme autant que
de leur sens et
ne sont pas esclaves de la phrase.
Le mot
est un objet culturel usuel, il
nous est familier.
Cette matière me
permet d’entrer facilement en
relation
avec les
autres car les
mots sont identifiables immédiatement, riches par
leurs diversités sémantiques et
formelles.
Les images peuvent être à la base de mes
réflexions et parfois de mon travail, puis elles
disparaissent pour laisser place aux mots qui les
décrivent. Elles se réduisent pour devenir le récit
d’elles-même. Les
mots me paraissent à la fois plus directs et plus
énigmatiques. Ils balisent la pensée, soutiennent la
rêverie.
Je garde
toujours en mémoire cette
phrase de Bianu
à propos du
Haiku: ‘c’est dans
sa rétention que
la forme
de poésie la
plus dense de l’histoire trouve son amplitude’. Je
trouve effectivement
que
l’économie de moyens formels
ajoute à l’évidence de
la poésie d’un objet. La
lourdeur
de la technique doit disparaître pour laisser toute sa place
au sens et à la poésie. C’est pour cela que j’utilise
souvent l’animation vidéo, des mots blancs sur fond
noir projetés directement sur le mur: le cadre
disparaît, les mots flottent, volatiles et délicats.
La vidéo est pour moi un moyen
d’écriture
directif
car il implique un
déroulement
que le ‘liseur’
ne contrôle pas.
Pas de possibilité de
revenir en arrière, de sauter des pages, de
lire la fin avant le début, en diagonale, très
lentement ou par petits bouts. Ici j’impose un ordre
de déroulement, un rythme, un lieu. Comme le peintre
ou le sculpteur,
je dirige le regard. C’est en cela que je situe ma
pratique davantage dans le champs des arts plastiques
que dans celui du littéraire.
La
disparition
et la description sont deux thématiques récurrentes de
mon travail. L’une
sujet, l’autre moyen, ou parfois l’inverse. Je les
explore au travers de jeux de mots ou de formes,
d’animations, de vidéos ou de dessins. Plus j’écris, plus je
parle et plus je parle, plus je donne ; si l’on
considère une
partie de l’art comme étant un pas vers l’autre, par
la description je m’ouvre à l’autre. Ce désir de mots
vient en partie d’une enfance nomade où les objets
étaient abandonnés sur place, les mots seuls restaient
en mémoire. Il y avait aussi dans cette enfance la
musique des langues étrangères, les signes
typographiques mystérieux. Les langues ont depuis une
épaisseur sonore,
graphique
et sémantique. Ce
plaisir de langues alimente mes
voyages.
Dernièrement
en Angleterre,
en
Allemagne et en Corée où mon travail a été présenté
lors d’expositions collectives.
A.C
OEUVRE PRESENTÉE
cHoeur
est une installation lumineuse qui joue sur les mots
Choeur et Coeur. La chute du H est un accident qui
fait sens. Cette lettre muette nous fait passer du
groupe chantant et antique à l'intérieur de notre
corps. Comme une passerelle entre le passé et le
présent, l'extérieur et l'intérieur. La vitrine est
occultée mais il y a une trou par lequel, en se
collant à la vitrine, on peut voir le néon.
Au
choeur de la boutique, il répand sa lumière rouge,
comme si on était un l'intérieur du corps de
l'échoppe.
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